LA QUESTION ALBANAISE 123 Aussi est-il devenu courant, chez les Albanais de la classe instruite, d’identifier parla pensée le régime éventuellement réservé à leur pays à celui de la Bosnie-Herzégovine. — « On nous dit. que l’occupation autrichienne — écrit un correspondant de Scutari à la Nazione albanese, de Rome — a été un bienfait pour les Bosniaques, parce qu’elle a fait cesser l’anarchie, assuré la justice et la sécurité publique, ouvert des voies de communication, éclairé au gaz et à l’électricité les rues des villes, érigé des monuments et des casernes... Mais 011 n’ajoute pas qu’ils ont perdu, pour longtemps et peut-être pour toujours, l’espoir de se constituer en pays libre et autonome; qu’ils sont dans un plus triste état que nous, dont le gouvernement est qualifié par l’Europe de despotique, puisqu’ils n’ont ni la liberté de parler, ni celle d’écrire, ni le droit de manifester leurs sentiments de nationalité; puisqu’ils sont environnés d’espions autrichiens, attentifs à surprendre leurs paroles et leurs démarches, sûrs d’être emprisonnés ou expulsés au premier soupçon... Si, par malheur, notre pays albanais venait à passer de