232 LE PANGERMANISME S’il est vrai, en effet, comme l’observe M. le professeur Manfroni, «que l’Adriatique est trop resserrée pour le développement simultané de deux grandes puissances»; s'il ne peut être contesté, d’autre part, que la côte orientale, pourvue de ports et d’abris excellents, a été privilégiée par la nature — 011 bien la puissance établie sur cette côte sera de moindre étendue, et, pour tout dire, de second rang, ou le problème de l'équilibre est insoluble d'avance. L’Adriatique ne peut, en conformité de l’intérêt européen, être une mer neutre que si l’infériorité naturelle de la côte italienne se trouve compensée par telle del’État qui lui fera face. Le contraire est inévitable, quand la pesée do toute l’Europe centrale se fait sentir à ses deux extrémités : Trieste et le canal d’Otrante. Un Etat jugo-slave, en effet, servant de rebord aux couches allemandes et magyares, plus apte au commerce qu’à la guerre maritime, placé sous la garantie internationale, aurait toutes les raisons du monde d’entretenir de bonnes relations avec l’Italie. L’Adriatique serait alors une mer d'intérêt