126 LA QUESTION ALBANAISE L’Autriche-Hongrie à Salonique, c’est une question internationale; nous l’aborderons tout à l’heure. Mais l’Autriche-Hongrie à Vallona, sur le canal d'Otrante, c’est déjà, c’est surtout une question d’équilibre italien. On comprend du reste qu’elle préoccupe aujourd’hui l’opinion dans la péninsule — cette opinion qui, vingt ans plus tôt, pendant la période préparatoire à la conclusion de la Triplice, était façonnée par M. Sonnino et son école à ne voir de péril que du côté de Bizerte! On peut soutenir, en effet — et c’est un thème familier à l’ancienne école de M. Crispi — que si le gouvernement italien eût laissé, lui, transpirer des prétentions sur l’Albanie, il se fût heurté du côté des puissances, surtout de ses alliés, à des objections plus dirimantes encore que celles qu’ont rencontrées ses vues sur Tunis et Tripoli. On peut admettre que, même d'accord avec les puissances, il eût vraisemblablement acheté un établissement ferme ou un protectorat dans ce pays plus cher