ET L'ÉQUILIBRE ADRIATIQUE 201 plus curieux est que ses Bonnes intentions, au lieu de mettre les hommes d’État austro-hongrois sur la voie de la formule, valurent au fascicule précité de la Revue des Deux Mondes une confiscation en forme, c’est-à-dire un désagrément que n’avaient jamais attiré à ce grave organe les plus militants de ses collaborateurs. Il y a toute une leçon sous ce petit fait. Elle s’adresse aux écrivains qui, sympathiques ou hostiles à l’Autriche-Hongrie, essaient de l’orienter vers un devenir. Ils ressemblent à un mathématicien qui s’acharnerait à résoudre une équation dans laquelle n’entrent que des inconnues. Et je ne sais même si les Autrichiens par le cœur — il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a encore — n’ont point sujet d’être plus incommodés de cette sollicitude que scandalisés d’une franche déclaration de scepticisme, à l’endroit de toutes les panacées constitutionnelles. Quand on rassemblerait en Congrès tous les Siéyès contemporains, fussent-ils tous de bonne foi, l’Europe entière eût-elle à cœur de donner force exécutoire à leurs décisions, nous doutons qu’il en sortît une charte viable.