198	LE PANGERMANISME
sentir ses progrès, l’immense majorité des publicises et des parlementaires considéraient avec plus de curiosité que d’inquiétude l’expérience de la substitution d’un régime « civilisé » au régime ottoman, en Bosnie-IIerzégovinc. Du reste, l’expérience étant censée faite au nom et pour le compte de la civilisation tout entière, les Italiens ne se jugeaient pas les moins qualifiés pour la suivre avec une bienveillante attention. Ils en étaient restés, comme les Français, d’ailleurs, à la politique de Navarin. L’opinion, alors, ne s'arrêtait qu’aux cruautés ottomanes. Elle était plutôt sympathique à l’Autriche-Hongrie, n'intervenant — on le croyait du moins — que pour estampiller du sceau lourd de l’Empire la révolte des consciences et des générosités latines.
  Toutes ces raisons — et l’on en pourrait citer d’autres—autorisaientune alliance entre l'Italie et ses oppresseurs séculaires, non pas sans doute à la satisfaction du sentiment national, mais en sûreté de conscience politique. C’est en France surtout qu’il convient de mettre en lumière cette vérité, parce que la génération d’alors, qui n’ad-