130 LA QUESTION ALBANAISE et ne la désavoue point, quoique — ses anciens collègues de Vienne et de Berlin peuvent lui rendre cette justice — il se soit consciencieusement dérobé, pendant toute sa carrière politique, aux inspirations qui eussent pu lui venir de son atavisme « scbkipelar ». L’histoire si tourmentée de la formation du royaume d’Italie, les conditions que les puissances de l’Europe centrale ont mises à leur « amitié », puis à leur alliance, les difficultés de sa politique intérieure, expliquent sans doute qu’au Quirinal et à la Consulta les yeux, pendant trente ans, se soient systématiquement détournés de ces souvenirs et de ces suggestions1. Mais l’opinion, qui n’a pas les mêmes responsabilités, ne peut manquer, à la longue, d’être frappée d’un fait. Le déclin du pavillon italien sur l’Adriatique est sensible ; les gros capitaux, les initiatives sub- 1. Cependant plusieurs journaux, parmi lesquels II Commercio ilnliano (25 novembre 1900), viennent de rappeler opportunément que la politique de Cavour se préoccupait de l'expansion de l’Autriche sur la côte adriatique des Balkans, et que la prévoyance de ce grand homme d'État, pour détourner cette menace, enlretenait de façon vigilante de bons rapports avec l’Em-pire ottoman.