GUERRES TURCO-RUSSES DU XIXe SIECLE. 141 dant la guerre de Crimée, elle ne s’était reformée que depuis peu d’années, la flotte turque lui était de beaucoup supérieure. L’amiral et la plupart des officiers de vaisseau étaient anglais. La mobilisation et la concentration de l’armée russe, contrariées par l’insuffisance des communications, se firent avec une grande lenteur qui révéla bien des défauts graves dans l’organisation militaire de la Russie. Le premier soin des Russes fut d’occuper le pont du chemin de fer de Barbosù, sur le Sereth, près de son confluent avec le Danube, afin d’assurer leurs lignes d’opérations. Les Turcs, par une négligence inouïe, ne tentèrent pas de détruire ce pont qui était indispensable aux Russes pour utiliser les chemins de fer roumains. Les Russes y élevèrent aussitôt des fortifications et protégèrent les abords de Braïla et de Galatz par l’immersion de torpilles (24 avril 1877). Des pluies torrentielles et le mauvais état des chemins retardèrent la marche des armées russes, qui occupèrent cependant la rive gauche du Danube sans que les Turcs cherchassent à s’y opposer; l’armée roumaine formait leur extrême droite à Calafat. Passage du Danube. — Dans la nuit du 21 au 22 juin 1877, quelques détachements, portés dans des barques, franchirent le Danube près de Braïla, et, en quelques jours, Matsin, Tulcia et Hirsova tombaient aux mains des Russes; la Dobroudja tout entière était occupée. Mais l’état-major russe avait décidé de faire passer