160 LES PAYS BALKANIQUES. la vie du harem a amenée chez les chefs de la nation, dans les intrigues du sérail, dans les formes étroites qu’impose une religion interprétée avec intolérance et qui paralyse l’action gouvernementale, mais enfin, et, par-dessus tout, dans l’ignorance qui étouffe les qualités natives de ce peuple sous son manteau de plomb. Le Coran, qui constitue un code de doctrines religieuses et de lois politiques admirablement approprié à la vie primitive des peuples de l’Asie et de l’Afrique, ne convenait certes pas au développement d’une société qui prétendait se fixer et qui entrait en contact avec des sociétés de mœurs et d’idées différentes. Les commentateurs ont, pour la plupart, augmenté la rigidité de ses formes et l’intolérance de ses préceptes, bien que, dans son texte primitif, il ne se trouvât rien d’absolument inconciliable avec les exigences changeantes d’une société qui doit se modifier pour progresser. 11 est arrivé alors que le peuple turc s’est trouvé en quelque sorte muré dans un formalisme religieux que ne pouvait tempérer aucune contradiction philosophique. Il peut se faire que le temps, qui détruit tout, renverse, un jour ou l’autre, cette muraille, mais il sera trop tard pour qu’il soit possible de revivifier la nation qu’elle a engourdie jusqu’à la mort. Il y a une cinquantaine d’années, le sultan Mahmoud II, imbu des idées réformatrices de son prédécesseur Selim, avait essayé de rénover la Turquie. Doué d’une énergie impitoyable, il broyait tous les obstacles que les vieux partis opposaient à ses projets. En 1826, il fit massacrer les Janissaires et réorganisa l’armée à l’européenne. Il voulait l’égalité de tous ses sujets devant la loi, sans distinction de croyance, et il se proposait de substituer au code religieux et in-