LES PAYS BALKANIQUES. 15 déshonneur, même en pardonnant à son ennemi ; aussi, les familles sont-elles sans cesse armées les unes contre les autres. L’intervention des pachas, mais surtout celle des prêtres qui ont une grande influence sur ces populations croyantes, ne restreignent qu’avec grande difficulté ces luttes sanglantes qui sont réglementées par une sorte de code. Les femmes sont partout respectées, mais elles sont astreintes à la plus grande sévérité de conduite. Chez les Mirdites, le fait seul d’avoir causé à un étranger déshonore une jeune fille. En Albanie, comme en Kabylie, une sorte de sauf-conduit, la bessa (analogue à Yanaya kabyle), donnée par une tribu, une famille, un individu connu, même par une femme, garantit de toute insulte celui qui en est porteur. Les catholiques du nord de l’Albanie relèvent de plusieurs diocèses suffragants des archevêchés de Du-razzo et d’Antivari. L’Autriche subventionne des missions de jésuites, l’Italie, des missions de franciscains, dont l’influence sert les vues politiques de chacun de ces pays. L’instruction est presque nulle. Les enfants des villes fréquentent cependant quelques écoles où les catholiques apprennent l’italien; les musulmans, le turc; les Grecs, le serbe. Quant aux femmes qui, à partir de douze ans, sont renfermées dans l’intérieur dés maisons et voilées, catholiques comme musulmanes, elles ne savent absolument rien et, à part dans les familles riches, n’ont aucune connaissance de la vie extérieure. On les marie sans qu’elles aientjamaisvuleur époux, et, naturellement, sans qu’elles en aient jamais été vues.