V MONTENEGRO Les Serbes ont toujours considéré le Monténégro1, que, dans leur langue, ils appellent Tzrnagora (la montagne noire), comme la citadelle imprenable de leur race, où se sont conservés intacts les germes de leur reconstitution nationale et les souvenirs de leur indépendance. Les Slaves du Monténégro, guerriers renommés de tout temps, avaient battu les Ottomans en 1387 ; mais ils n’arrivèrent pas à temps pour se joindre aux Serbes à la bataille de Kossovo (1389). Après la destruction de l’armée serbe, ils en recueillirent les débris et se réfugièrent dans l’inextricable chaos de leurs montagnes, où, pendant cinq siècles, ils surent défendre leur liberté, sans jamais subir le joug, sans jamais reconnaître l’autorité, même nominale, de la Porte. Notice historique. Le pays fut gouverné d’abord par des princes séculiers ; l’un d’eux, Ivan Cernojevic, après une lutte terrible, réduisit en un monceau de ruines l’antique forteresse de Zabliaclc, berceau de la famille princière, 1. Le nom de Monténégro a été donné au pays par les Vénitiens qui avaient avec lui des relations très suivies.