BULGARIE. 115 par le patriarchat grec de Constantinople ; celui-ci était soutenu, la plupart du temps, par les autorités turques. Cependant l’oppression musulmane avait été aussi dure pour les uns que pour les autres. « Il faut avoir vu le sombre désespoir des paysans bulgares et l’insolence des hordes albanaises pour se faire une idée de ce que les populations chrétiennes ont dû souffrir... L’Europe ne sait pas qu’il existe à ses portes, et l’on peut dire dans son sein, plus de sept millions d’hommes, chrétiens comme nous, qui sont traités de chiens en leur qualité de chrétiens, par un gouvernement auprès duquel toutes les Puissances ont des ambassadeurs accrédités... Elle ne sait pas que la plainte est plus dangereuse que la résistance, et que les plus simples garanties accordées aux derniers des hommes dans les pays les plus arriérés, seraient des faveurs pour les habitants de la Bulgarie. » Les chrétiens, ou rayas, étaient maintenus dans une odieuse servitude parles Begs musulmans, Turcs, Albanais ou Bulgares. Le sort des rayas, disaient les rapports des voyageurs européens, était affreux. Il n’y avait nulle part ni ordre, ni sécurité. Les femmes étaient impunément outragées. En dehors des portes des villes, la vie était toujours en danger; on courait le risque d’être assassiné à deux cents pas des gares ; les marchands étaient pillés ou égorgés, et, souvent, avec la complicité de leur escorte, l’autorité turque restant impuissante ou indifférente en présence de ces violences. On ne peut se faire une idée, disent ces rapports, des discordes qui déchirent ce malheureux pays. On avait espéré y rétablir un peu d’ordre, grâce à