112 LES PAYS BALKANIQUES. déposa, du reste sans violence, son Gouverneur nommé par le Sultan et proclama son union avec la Bulgarie. La diplomatie européenne s’inquiéta, se demandant comment faire respecter les clauses du traité qu’elle avait imaginé; elle finit par proposer d’admettre l’union, à la condition que la Bulgarie continuerait à reconnaître la suzeraineté de la Turquie. La Sublime Porte, après avoir hésité quelque temps, crut prudent d’éviter un conflit. En Russie, l’opinion publique accueillit avec sympathie la révolution rouméliote qui lui semblait une victoire du panslavisme et une réforme du traité de Berlin, dans le sens du traité de San Stefano. Aussi vit-on, avec étonnement, l’Empereur de Russie se montrer mécontent des velléités d’émancipation des Bulgares, qui semblaient ne pas tenir grand compte de sa tutelle. Il rappela les officiers russes qui servaient d’instructeurs à la nouvelle armée bulgare et en occupaient les grades supérieurs et, cela, au moment où la Serbie et la Grèce, jalouses de l’extension prise par la Bulgarie, réclamaient, comme compensation, des cessions de territoire. Sous prétexte de violations de frontière, la Serbie déclara la guerre le 13 novembre 1885, et le lendemain une division serbe passait la frontière dans la direction de la grand’route de Nich à Sofia. Les Bulgares étaient pris à l’improviste, cependant le prince Alexandre de Bulgarie concentra ses forces disponibles dans la plaine de Slivnitza à 20 kilomètres de Sofia, tandis qu’une avant-garde s’efforçait de retarder la marche de l’ennemi en défendant le pont de Tsaribrod et le défilé de Dragoman long de 14 kilomètres qui précède la plaine. On gagna ainsi