40 LES PAYS BALKANIQUES. puissant, à la condition d’être secouru et protégé par lui. Ces capitulations, présentées à la Conférence de Paris de 1856, ont été la base du droit politique des Roumains. Par une des clauses, il avait été stipulé qu’aucune mosquée ne serait construite sur le territoire roumain, et le respect constant de cette convention par les Turcs, estlaplus frappante preuve historique de l’autonomie conservée par les Principautés, même pendant la période de vassalité qui dura de 1716 à 1856. Les sultans s’étaient jusqu’alors bornés à donner l’investiture aux princes nationaux élus par les Principautés. Ces princes ayant fait cause commune avec les Russes, la Porte envoya, pour gouverner les Principautés, des princes, ou gouverneurs, d’origine grecque, que les Roumains ont appelés, avec dédain, les Phanariotes, du nom du Phanar, le faubourg grec de Constantinople. Méprisés par les Turcs mêmes, ils n’eurent d’autre souci que de s’enrichir aux dépens du pays. Les Roumains ont conservé un odieux souvenir de leur administration. Ruinés, avilis, livrés à toutes les intrigues et aux déprédations les plus scandaleuses d’une aristocratie nouvelle qui se formait autour des hospodars grecs, c’est l’époque la plus triste de leur histoire. Leur pays s’en va en lambeaux. En 1774, par le traité de Kainardji, la Russie imposa à la Porte son protectorat sur les Principautés ; et, plus tard, y installa un consul général, censeur de la conduite des princes. En 1777, la Bukovine est enlevée par l’Autriche. A Erfurt, Napoléon livre la Moldavie et la Valachie au tsar pour prix de son amitié; mais, en 1812, au