CONSIDÉRATIONS SUR L’EMPIRE OTTOMAN. 109 ment, ont empêché l’empire ottoman de préparer l’armée qui aurait pu efficacement le protéger lors des récentes guerres balkaniques. Les qualités particulières du soldat turc, c’est-à-dire son dévouement, sa constance dans les privations, sa résignation, un courage dont il a encore donné les plus belles preuves en 1878 et en 1912-1913, en un mot sa solidité morale et son énergie physique, seraient enviées dans bien des armées européennes; mais il manquait à ce corps bien membré un souffle qui l’animât. L’officier était peu considéré. Il se recrutait dans les basses classes comme les soldats ; il ne savait rien, on lui demandait peu de chose, et on lui allouait une solde trop irrégulièrement payée et qui suffisait mal à le faire vivre. Si, dans les grades élevés de la hiérarchie militaire, il s’est manifesté parfois un homme de guerre doué de qualités supérieures, comme Moukhtar-Pacha, Osman-Pacha, et quelques autres, la Turquie a toujours manqué d’organisateurs capables pour ses troupes. Un général peut s’improviser sur le champ de bataille, un administrateur ne se forme qu’à la longue et a besoin de beaucoup de temps pour préparer la machine compliquée indispensable aux guerres de nos jours. Outillée encore pour la résistance, la Turquie était devenue impuissante pour l’offensive. Les fortifications de la Turquie avaient fait, dans ces dernières années, d’assez grands progrès. Andrinople avait été fortifié comme réduit d’un système défensif composé de 24 forts détachés. Sur les rives du Bosphore, le nombre des forts et des batteries a été augmenté. L’armement des ou- 15