114 LES PAYS BALKANIQUES. est douée « d’un imperturbable bon sens 1 ». Ces qualités semblent de nature à favoriser le développement d’une société libre et prospère, lorsque, l’oppression turque ayant disparu, les conflits de rivalité avec les états voisins se seront apaisés. Comparant le Bulgare au Serbe, on accorde à celui-ci un esprit plus littéraire, plus affiné, plus chevaleresque, à celui-là une nature plus concentrée, plus persévérante. La race bulgare s’est répandue dans toute la Thrace et dans la Macédoine; elle y est mélangée avec les Serbes, avec les Grecs surtout, de telle façon qu’il est presque impossible de tracer entre eux une limite ethnique, qui puisse servir de base à un partage politique. Pour répartir aussi équitablement que possible les domaines à revenir à l’une et à l’autre race, il faudrait se contenter d’avoir égard à la majorité relative des habitants de telle ou telle race dans chaque canton, et les minorités se trouveront toujours sacrifiées. C’est là évidemment une difficulté grave qui subsistera jusqu’à ce qu’un tassement s’établisse peu à peu, en éliminant la population la plus faible, mais les Grecs, qui ne sont toujours pas les plus nombreux, ont l’avantage que donne l’habileté en affaires et la souplesse du commerçant ; de plus, ils occupent déjà la plus grande partie du littoral. La lutte des nationalités s’établit sur le terrain religieux, c’est-à-dire au sujet des églises et des écoles, entre le clergé bulgare et le clergé grec, le premier représenté par l’exarchat bulgare, le second 1. Queillé, en Bulgarie.