LES PAYS BALKANIQUES. 9 Leur race, remarquablement individualisée, servie par l’unité de langue et de religion, déborde sur les autres peuples. Ils ont donné les preuves de la plus grande vitalité, et, aux jours les plus sombres de leur histoire, ils n’ont cessé d’affirmer leur foi dans l’avenir et de se répéter le vieil adage populaire : Romanul non pien, « le Roumain ne périra pas ». L’existence de ce groupe latin, perdu à l’orient de l’Europe et plein de vie après avoir été tant de fois submergé par les invasions asiatiques, est un fait historique des plus remarquables. Les Roumains descendent des anciens colons romains établis par Trajan sur la rive gauche du Danube dans le pays dépeuplé des Daces. Leur nom est le signe évident de leur filiation. Leur langue est un dérivé direct du latin, d’un latin déjà corrompu, il est vrai, par les colons de race espagnole, gauloise, et italienne, qui se fixèrent dans le pays1, et elle a encore été altérée par le contact des peuples slaves, turcs et grecs. Le costume des paysans est toujours celui des anciens colons romains, tels que les montrent les bas-reliefs de la colonne Trajane. Le type, les idées, la manière de penser, rattachent très étroitement les Roumains à la famille latine, bien qu’ils aient adopté le schisme grec. 1. Un poète roumain, M. Alexandri, a donné une liste de plus de cent mots extraits des œuvres de Rabelais, disparus aujourd’hui de la langue française et qui se sont exactement conservés dans la langue roumaine.