44 LES PAYS BALKANIQUES. Plus qu’aucun autre peuple, les Roumains ont eu à souffrir des invasions barbares. Ils ont été foulés successivement par les Goths, les Huns, les Avares, les Slaves, les Bulgares, les Mongols. Tantôt ils restèrent sur leurs terres, obligés de les partager avec les conquérants, mais sans se mêlera eux; tantôt, dans les périodes les plus difficiles, ils se retirèrent dans les montagnes pour en redescendre dès que le calme se rétablissait. Goths, Huns, Avares, Slaves, Bulgares et Mongols ont passé, laissant à peine quelques épaves de leurs tribus sur ces terres fertiles ; le Roumain y est toujours. Plus tard, il lui fallut encore lutter durement pour l’existence et combattre Polonais, Hongrois et Turcs. De toutes ces épreuves, cette race est sortie triomphante. Plus qu’aucun autre peuple, les Roumains ont fait preuve d’une vitalité remarquable, les rapides progrès réalisés par eux depuis qu’ils s’appartiennent peuvent faire préjuger du rôle important que ce petit royaume peut être appelé à jouer dans les affaires de l’Orient. Ils ont foi en eux-mêmes ; naguère encore, courbés sous la suzeraineté de la Porte, menacés par le dangereux protectorat des Russes, ils ne cessaient de tourner leurs regards vers la France, qui personnifiait pour eux la puissance de la race latine. Ils envoyaient, et envoient du reste toujours, en grand nombre, leurs jeunes gens faire leurs études en France et si, dans les moments des plus dures épreuves, ils répétaient mélancoliquement : « Dieu est trop haut et la France est trop loin, » du moins ne perdaient-ils pas courage et ils conservaient quand même leurs espérances, aujourd’hui à peu près réalisées.