GUERRES TURCO-HUSSES DU XIXe SIECLE. 143 le fleuve. La rapidité du courant et l’obscurité ne leur permirent que difficilement de se diriger, quelques-unes abordèrent devant des falaises à pic que les hommes eurent peine à franchir. Les postes turcs ne s’aperçurent de rien. D’abord surpris, ils firent ensuite une énergique, mais vaine résistance, et le passage des Russes continua sans interruption. Ceux-ci eurent bientôt la supériorité numérique et forcèrent les Turcs à se replier sur Nikopoli et sur Roustchouk. L’armée russe avait ainsi fait tomber la première et la principale barrière protectrice de l’empire ottoman. L’ensemble des combats par lesquels elle s’assura le passage ne lui avait coûté que 300 hommes tués et 400 blessés. Si l’on peut admirer la décision montrée par les Russes dans cette circonstance, on ne peut toutefois s’empêcher de signaler qu’un pareil résultat a été dû autant à l’incapacité de leurs adversaires qu’à leur propre valeur. Un pont de bateaux de 1.250 mètres fut aussitôt jeté sur le Danube. Opérations dans le Monténégro. — Dès que l’ordre avait été donné aux armées russes de franchir le Pruth, les hostilités avaient éclaté de nouveau en Herzégovine, dans le Monténégro, et en Albanie. Les insurgés de l’Herzégovine et de la Bosnie s’étaient concentrés à Lirno, près de la frontière de Dalmatie. Ils furent complètement battus et dispersés le 1er juin 1877, par Soliman-Pacha. Trois corps d’armée enveloppèrent alors lé Monténégro : Soliman à l’ouest, Ali-Saïb au sud, et Mehe-