ROUMANIE. 43 conduite patriotique et éclairée, l’honneur qu’il acquit, dans la guerre de 1878, à la tête de l’armée roumaine, lui rallièrent les sympathies du pays entier et ce fut d’un élan unanime qu’il fut proclamé roi de Roumanie1 (26 mars 1881) et couronné au milieu de l’enthousiasme général, après avoir été reconnu par les Grandes Puissances (22 mai 1881). Depuis cette époque, des dissentiments se sont parfois produits entre le pays et le roi à qui on reprochait souvent de suivre une politique à tendances trop allemandes. Le roi Charles est mort, laissant à son successeur, une tâche difficile, qu’il remplit avec la même attentive prudence. 1. Les grands événements de la guerre actuelle placent la Roumanie dans une situation difficile. Les sympathies populaires l’entraînent vers la France et les Puissances de la Triple entente, mais le gouvernement montre une hésitation justifiée par les périls à courir. Les intérêts économiques sont depuis longtemps liés à ceux de l’Autriche-Hongrie ; la Russie s’est souvent montrée une voisine exigeante ; il est peu probable qu’elle soit disposée à une rétrocession delà Bessarabie. Dans le cas d’un succès définitif des armées russes, la Roumanie peut-elle espérer l’annexion de la Bukovine habitée par une population de la même race? — Quant aux populations roumaines de Transylvanie, elles se réuniraient sans doute volontiers au royaume roumain, mais aucune circonstance ne s’est produite qui leur ait permis de manifester ouvertement leurs désirs, en s’exposant aux sacrifices et aux dangers que leur réalisation pourrait exiger. Enfin, si la Bulgarie se montre hostile, la situation se compliquerait encore plus dangereusement, et les agents de l’Allemagne ne manquent pas d’exploiter à leur profit les difficultés qui se révèlent. La Roumanie a, dit-on, conclu une entente avec l’Italie pour adopter la même ligne de conduite qu’elle ; quoi qu’il en soit, la solution ne s’annonce pas clairement (mai 1915). La Roumanie reste indécise et se demande évidemment si elle a autant à gagner qu’elle s’expose à perdre.