158 LES PAYS BALKANIQUES. sur le Bosphore sont des anachronismes blessants; qu’il faut que la Turquie disparaisse en tant que puissance européenne, ou qu’elle se régénère. Attaquée de tous côtés par la civilisation occidentale, elle est impuissante désormais, non pas seulement à se défendre, mais encore à résister par sa seule force d’inertie, comme elle l’avait fait jusqu’à présent. D’autre part, bon gré malgré, la vieille Turquie se laisse pénétrer parles chemins de fer, parles télégraphes, par tous les engins commerciaux modernes qu’elle se sent inhabile à manier, et qui deviennent bien plus dangereux pour elle que les armées de la Russie, son ancienne ennemie. Cependant, si l’ambition moscovite ne s’était pas. depuis longtemps, proposé, l’objectif de Constantinople, et n’avait pas ainsi éveillé la jalousie inquiète des puissances de l’Occident, la ruine de l’empire turc aurait été plus proche encore. Mais il a paru aux autres nations qu’il leur était nécessaire d’étayer le vieil édifice, de peur qu’en venant à s’effondrer, il ne laissât la place vide et prête à prendre par les Russes. Une première fois, en 1855. l’alliance franco-anglaise a sauvé la Turquie; plus près de nous, en 1878, la coalition diplomatique de l’Europe a prolongé son existence; mais, si l’on avait pu s’entendre sur le partage, nul doute que les domaines d’Europe des Turcs n’eussent été promptement dépecés. Lorsqu’un empire ne subsiste ainsi que par des raisons négatives, peut-on lui promettre une longue durée? Ses assises sont minées, et il s’écroulera à la première commotion violente qui fera trembler le sol? Il n’ en reste pas moins un inconnu consi-