138 LES PATS BALKANIQUES. tiennes de tout l’empire, faisaient prévoir que le redoutable problème de la Question d'Orient allait de nouveau se poser avec les arguments ordinaires des insurrections, des massacres, et de l’intervention armée de la Russie. En effet, la Bosnie adhère de plus en plus à la révolte de l’Herzégovine, et la Bulgarie se soulève. Ce dernier mouvement fut presque aussitôt comprimé par des exécutions barbares qui excitèrent l’indignation de l’Europe entière. Les villages des Balkans furent décimés, pillés, brûlés. Les habitants furent déportés en masse en Asie mineure. Mais la Serbie, poussée par les haines séculaires qui animent les Slaves contre leurs dominateurs turcs et par la surexcitation que causait dans le peuple la concentration des troupes turques sur ses frontières, violant d’ailleurs les traités qui garantissaient son existence, et n’ayant aucun motif sérieux de guerre, se jeta, à son tour, dans une lutte inégale contre l'Empire ottoman. Elle fut suivie par le Montenegro (1er juillet 1876). Cette guerre de race débuta par une suite d’efforts mal combinés, et, malgré sa désorganisation intérieure, la Turquie aurait réussi à écraser successivement les révoltés, sans l’intervention armée de la Russie. La petite armée serbe, grossie par de nombreux volontaires russes et commandée par le général russe Tchernaïef, combattit valeureusement; mais le prince Milan, convaincu de l’impuissance de la Serbie et croyant le moment favorable pour obtenir une paix honorable, sollicita les bons offices des Puissances