CONSIDÉRATIONS SUR L’EMPIRE OTTOMAN. 161 suffisant du Coran, un code plus en rapport avec les progrès des mœurs modernes. Il mourut sans avoir achevé son œuvre, et ses successeurs, Abdul-Medjid et Abdul-Azis, loin d’être dignes de la continuer, compromirent l’avenir du pays par leur désordre administratif et financier. Plus récemment, un homme politique intelligent et ouvert aux idées européennes, Midhat-Pacha, tenta une réforme de même nature. Sous le règne d’Abdul-Azis, il s’était formé un parti libéral que l’on désignait sous le nom de Jeune Turquie, et qui se proposait d’implanter sur la terre musulmane les idées et les maximes de l’Europe. Midhat-Pacha en avait pris la direction. Il prétendait doter son pays d’un ministère responsable, de Chambres législatives, et de tout l’attirail politique européen. Son but était surtout de séculariser le pouvoir, de séparer l’autorité politique de l’autorité religieuse, de faire passer l’empire ottoman du régime théocratique au régime civil. Il pensait qu’une des principales causes de sa décadence était la réunion dans la personne du sultan de la puissance temporelle et du califat religieux. Cette réunion avait, il est vrai, donné aux Ottomans tout un passé de gloire et de grandeur; mais, depuis que l’ère des conquêtes était achevée, qu’il s’agissait d’organiser les pays conquis, c’était une cause d’irrémédiable faiblesse. Il n’était plus possible, aujourd’hui d’ailleurs, de convertir les populations chrétiennes qui avaient jusqu’ici résisté à l’assimilation religieuse1, et il ne 1. Il fut un moment où les conversions à l’islamisme se multipliaient; mais, à l’époque de Pierre le Grand, l’apparition de la Russie sur la scène de l’Orient arrêta ce mouvement