124 LES PAJS BALKANIQUES. qui les dominent, sont couvertes par la belle forêt de Belgrade, où se trouvent les bassins qui alimentent d’eau douce les quartiers de Péra et de Galata. En occupant ces hauteurs, l’ennemi priverait d’eau la moitié de Constantinople. Il y a encore des batteries près de Thérapia et plus loin, à Yeni-Keui (rive d’Europe); enfin, une vieille citadelle très forte à Roumili Hissar (rive d’Europe) en face des anciennes fortifications 'de Anadouli Hissar (rive d’Asie), qui sont en ruines. Quelle que soit la force réelle de ces défenses successives, bien entretenues et puissamment armées, on a émis l'opinion qu’elles seraient impuissantes pour interdire le passage à une flotte cuirassée, si des torpilles n’entravaient pas la navigation et si une flotte n’était pas prête à en disputer la possession. La beauté pittoresque des rives du Bosphore, bordées de palais et de villages de plaisance, le charme merveilleux de la lumière qui en baigne les contours, ont été maintes fois vantés par les voyageurs ; toutes les descriptions restent pourtant au-dessous de l’impression que l'on ressent devant ce panorama, sans doute unique au monde. Sur ses rives, deux mondes différents, deux civilisations, deux religions sont entrés en contact et, tantôt violente, tantôt sourde, la lutte continue toujours entre ces deux sociétés, l’une européenne, l’autre asiatique, si différentes l’une de l’autre que, juxtaposées depuis l’origine de l’histoire, elles ne sont jamais parvenues à se fondre ensemble. Constantinople se trouve à l’extrémité méridionale du Bosphore, sur les deux bords d’une baie allongée, bien célèbre sous son nom de Corne d’or. La ville se partage en plusieurs quartiers distincts, quoique contigus : Sur la rive gauche de la Corne d’or, Galata est le quar-