LES PAYS BALKANIQUES. 23 se lancent comme une avalanche sur les soldats effrayés, trébuchant sur les rocs, tombant les uns pardessus les autres, affolés, sûrs qu’ils sont de ne pas obtenir quartier. C’est en ces occasions, que se pratique le terrible usage de couper les nez. Morts et blessés subissent cette mutilation horrible, contre laquelle proteste l’humanité. » Lorsque la guerre séculaire des Monténégrins contre les Ottomans sera terminée, il faudra que le montagnard sache déposer son fusil et prendre des outils de culture pour féconder les quelques portions fertiles de son sol. Jusqu’à présent, les travaux de la terre, dédaignés par les hommes, sont laissés aux femmes; aussi, cette transformation sociale sera-t-elle longue à réaliser, et, si elle s’accomplit, ne pourra-t-on pas dire que sera terminée l’ère héroïque de ce vaillant petit peuple? Le goût du confortable dont jouissent les sociétés civilisées amoindrira fatalement ses énergiques qualités naturelles ; impuissant à tirer de sa terre natale un profit suffisant de son labeur, le Monténégrin ne sera-t-il pas amené à quitter ses montagnes et à chercher en dehors de sa patrie, l’aisance et le bien-être que ses ancêtres n’ont pas connus ? Bulgares. —Venus vers le ve siècle des bords de l’Oural sur ceux du Danube, les Bulgares ont complètement perdu le souvenir de leurs aïeux, leur langue, et leurs coutumes. Ils parlent aujourd’hui un idiome slave, et pratiquent, en grande majorité, la religion grecque. On comptait, en Bulgarie, en 1881,