GUERRE BALKANIQUE, 1912-1913. 173 Les prétextes étaient nombreux : massacres en Macédoine; réformes toujours ajournées; embargo mis par la Turquie sur des bâtiments grecs; saisie par la Turquie d’un envoi de canons que la Serbie avait fait venir de France. Peu importait, d’ailleurs, la guerre de race, qui allait éclater, étant motivée non par des différends momentanés, mais par des haines accumulées depuis des siècles. Les forces militaires de la Turquie étaient importantes. Une loi de 1909, promulguée après la Révolution des Jeunes Turcs, avait rendu le service obligatoire pour tous les sujets ottomans, y compris les chrétiens, les arabes de l’Hedjaz et du Yemen, et les Albanais, qui en avaient été jusqu’alors dispensés; la faculté d’exonération était d’ailleurs maintenue, ce qui faisait porter sur les classes pauvres tout le poids du service militaire. Le service militaire devait être réparti : de 21 à 29 ans, dans l’armée active, Nizam et sa réserve Ikhtiat; de 30 à 38 ans, dans la réserve proprement dite, Redif; de 39 à 40 ans, dans l’armée territoriale, Mustafiz. Cette organisation n’existait d’ailleurs que sur le papier. Elle devait donner environ 500.000 hommes, mais la plupart sans instruction militaire. Les cadres d’officiers étaient désorganisés par un afflux trop considérable de jeunes gens sans expérience, sortant des écoles et par l’exclusion des anciens officiers provenant du rang. Les services n’existaient pas. Les moyens de mobilisation rapide faisaient défaut, etc... Les théâtres où la guerre allait éclater étaient fort distants les uns des autres ; ils correspondaient aux frontières de chacun des Etats coalisés. Les armées qui devaient y opérer, ne pouvaient avoir aucune liaison entre elles.