66 LES PAYS BALKANIQUES. La désunion s’était malheureusement mise au milieu des Grecs, qui. héritiers, dirait-on, de l’esprit individualiste de leurs ancêtres, s’organisèrent en petites républiques urbaines, jalouses et rivales. L’intervention de la France, de l’Angleterre et de la Russie les sauva. Toutes les sociétés européennes suivaient avec une attention passionnée les péripéties de la lutte inégale que soutenait contre les Turcs cette poignée d’héroïques insurgés. Les gouvernements se montraient moins favorables à la cause de l’indépendance grecque; ils en redoutaient les conséquences, mais ils ne purent résister à l’entraînement général. Les prudences de la diplomatie durent céder devant l’enthousiasme qu’excitaient les exploits des Grecs et l’indignation que causaient les procédés sanguinaires des généraux turcs. Les Byron, les Casimir Delavigne, chantèrent l’héroïsme des Grecs. Des comités se formaient de toutes parts pour leur venir en aide. Les Cabinets durent intervenir à leur tour ; les trois Grandes Puissances, c’est-à-dire la France, l’Angleterre et la Russie, s’entendirent pour adresser des remontrances au Sultan et envoyer leurs flottes dans les eaux grecques. Le Sultan n’en tint pas compte, et Ibrahim continua sa guerre d’extermination. Les amiraux résolurent alors d’entrer dans la rade même de Navarin, espérant, « par la seule présence imposante de leurs escadres, amener Ibrahim, sans plus d’effusion de sang », à l’observation de l’armistice qu’ils prétendaient imposer. Un coup de feu, parti d’un brûlot turc, changea ces dispositions et devint le signal d’une conflagration