ROUMANIE. 55 partie, par des musulmans bulgares ou tartares. Mais la Russie, qui avait perdu la Bessarabie au traité de Paris, revendiquait cette restitution, voulait reprendre position aux bouches du Danube, et ne consentait point à transiger sur ce point. Cependant, les Roumains, malgré cette amertume, avaient conquis le droit à l’indépendance ; ils s’étaient affirmés comme peuple, et, qui plus est, comme peuple militaire. Ils étaient passés de la jeunesse à l’âge adulte. Dans une guerre entre l’Autriche-Hongrie et la Russie, l’armée roumaine alliée des Russes, peut prendre la Transylvanie à revers en favorisant ainsi l’invasion de la Hongrie. Alliée à l’Autriche-Hongrie, elle couvre une grande partie de ses frontières contre une menace russe. Le Prutù forme la frontière du côté de la Russie; ce n’est pas un obstacle militaire ; il peut être franchi sans difficulté. Quoique plus important, le Siretù ne constitue pas non plus une défense stratégique. Cependant, sur sa rive droite, on trouverait sur les avant-chaînes des Karpates des positions tactiques avantageuses, où pourrait s’établir, en s’adossant aux montagnes, une armée dont le but serait d’opérer sur le flanc droit de la ligne d’opérations Jasi— Focsani— Buseo; à hauteur de Focsani, il n’y a pas plus de 25 lieues entre le Danube et le pied des montagnes. Ce pays est encore plein de souvenirs guerriers du temps d’Etienne le Grand et de Michel le Brave. Les dérivations du Danube et l’épanouissement de son delta restreignent ainsi considérablement le front d’attaque de la Valachie. Si la Roumanie avait à se défendre contre une agression venant de l’est, il lui