142 LES PAYS BALKANIQUES. le Danube au gros de l’armée, en amont des forteresses du quadrilatère bulgare. Les points où le Danube est franchissable sont assez rares, comme on l’a vu précédemment. Il n’eût pas été difficile aux Turcs de les garder et d’exercer sur le fleuve une surveillance suffisante pour savoir où l’ennemi réunissait son matériel de pont. Pour amener ce matériel, les Russes devaient nécessairement utiliser, d’une part, les chemins de fer, et, de l’autre, les rivières navigables de la rive gauche, dans le lit desquelles ils pouvaient mettre leurs pontons à l’eau. Il était donc facile de se rendre compte que l’Aluta, qui est souvent navigable depuis Craïova, où passe le chemin de fer, devait leur offrir des avantages particuliers, et que, par conséquent, ils essayeraient de forcer le passage à peu de distance de son confluent. En face de l’Aluta, la petite forteresse turque de Niko-poli garde la rive droite; mais, un peu plus en aval, près de Zimnitza, le fleuve est partagé par une grande île; son lit principal n’a que 800 mètres. L’île permettait la réunion des bateaux à l’abri des vues de la rive opposée. C’est ce point que les Russes choisirent avec raison. Ils avaient, en outre, l’avantage de trouver en face, sur la rive droite, des routes par lesquelles ils pourraient soit menacer directement le centre des Balkans par Tirnova, soit tourner les montagnes parla vallée de l’Isker et Sofia. Ils terminèrent leurs préparatifs sans que les Turcs aient paru se douter de leurs projets, et, le 27 juin, par une nuit noire, les premières barques, portant les détachements d’avant-garde, traversèrent résolument