GUERRE INTRABALKANIQUE, 1913. 179 constituer en un état unifié, des tribus guerrières, indisciplinables, séparées par leurs intérêts et par leurs religions, indépendantes les unes des autres, vivant dans des montagnes inaccessibles. On donna pour souverain précaire à ce nouveau royaume, un prince allemand, le prince de Wied, officier dans l’armée prussienne, dont la royauté éphémère s’évanouit rapidement sous les attaques des tribus qu’on appela, par euphémisme, des rebelles ou des insurgés ; il fallut que les navires des grandes Puissances envoyés à Durazzo et les détachements qu’ils débarquèrent, protégeassent son départ. Pour justifier leurs revendications en Macédoine, les Bulgares prétendaient faire prévaloir ce principe, que partout où est un Bulgare est la Bulgarie, mais, en Macédoine, Serbes, Bulgares, Grecs, Turcs même, sont mélangés dans les campagnes, dans les villes, même dans les maisons; il s’est établi, dans maints endroits, entre individus de différente race, des communautés d’intérêts, voire même de sentiments, tels que l’on vit, pendant la guerre contre la Turquie, des Turcs, combattre de leur plein gré, dans les rangs des Serbes. Comment établir entre ces populations des frontières sur une base historique ou ethnique? Les Serbes étaient aussi autorisés que les Bulgares à revendiquer la Macédoine; ils se mirent d’accord avec les Grecs pour résister aux prétentions intransigeantes des Bulgares. C’est en vain que l’empereur de Russie offrit sa médiation, adjurant les uns et les autres de ne pas compromettre la cause slave par une guerre fratricide.