LE TROISIÈME ACTE : BEUST 85 tout en s’inspirant eux aussi autant que quiconque du sentiment national allemand, savaient cependant rester avant tout de bons xVutrichiens. Ils formaient alors, sous la direction du prince Kolloredo, un groupe allemand libéral, qui faisait une opposition énergique au ministère Belcredi. Car, si étrange que cela puisse paraître, malgré les catastrophes de l’été, le ministère Belcredi restait au pouvoir, où maintenant un de ces désaccords, si fréquents dans la politique autrichienne, se produisait à nouveau entre les conceptions contradictoires du nouveau ministre des Affaires étrangères et des autres membres du ministère. Le baron de Beust, en etfet, ne pouvait rester indifférent à la politique intérieure de l’Autriche. L’homme qui, d’après M. Frédéric Kohn Abrest1, qui nous a donné une édition française des mémoires de Beust, exprimait l’opinion que la perte de l’Allemagne par l’Autriche en 1866 enlevait à l’élément allemand d’Autriche la principale justification de sa suprématie (opinion, d’ailleurs, parfaitement exacte), mais qui n’acceptait pas comme définitive l’exclusion de l’Autriche de l’Allemagne nouvelle, ne pouvait donc pas admettre que l’élément allemand, dont il était lui-mème un représentant éminent, perdit en Autriche cette suprématie. 1. Trois quarts de siècle. Mémoires du comte de Beust, ancien chancelier de l’Empire d'Autriche-Hongrie avec des notes inédites et une préface par Fkédéuic Kohn Abbest, 2 vol., Paris, 1888.