114 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE L’èrc de la lutto pour l’Allemagne est définitivement close. Les rôles sont renversés, l’évolution est accomplie. L’aimant de Habsbourg, centre traditionnel d’attraction pour les Allemands, qui, autrefois solidement ancré à Vienne, avait eu ensuite à résister à l’influence rivale de cet aimant nouveau, installé depuis vingt ans environ sur les bords de la Sprée, a irrémédiablement perdu sa force. La politique extérieure de l’Autriche, se ressentant toujours des contre-coups de sa politique intérieure, lui a fait perdre l’Allemagne. Peut-on réellement l’eu blâmer et la juger uniquement sur ce résultat brutal et navrant? Nous ne le croyons pas. Ce qui est arrivé, en effet, devait arriver ; c’était le résultat fatal d'une situation naturelle et de l’histoire de tout un siècle. L’unité allemande depuis 1815 nq pouvait plus se réaliser que sans l’Autriche et en dehors d’elle. La politique intérieure de l’Autriche va désormais passer au premier plan dans cette brève étude; nous suivrons ses fluctuations incessantes, nous les verrons se succéder et s’enchevêtrer de plus en plus nombreuses, déplus en plus complexes, par suite du manque de plan bien arrêté chez le souverain et ses ministres, par suite aussi des revendications sans cesse plus menaçantes et plus vives des innombrables nationalités qui forment, selon l’expression si vraie de M. Charles Benoisl1, 1. M. Charles Benoist, la Monarchie habsbourgeoise ; Revue des Deux Mondes, 15 Octobre 1897, p. 774.