LE PANGERMANISME ET L'EUROPE 265 question ne nous touche pas directement, que l’extension de l’Allemagne vers l’Est ne nous menace pas, que, peut-être même, en détournant les ambitions et les convoitises allemandes de l’Occi-dent vers l’Orient, elle ne saurait nous être nuisible. Mais rappelons-nous bien d’abord que l’appétit vient en mangeant, et qu’ayant croqué l’Autriche, l’Allemagne pourrait bien après se retourner vers nous. Et puis, de toutes les façons, est-il un seul instant admissible que cette extension inouïe de nos vainqueurs de 1870, si d’aventure elle venait à se produire, pût nous laisser indifférents et impassibles? Serait-il possible que le fait seul que Hambourg et Trieste verraient flotter sur leurs bassins le même pavillon (qu’on nous pardonne de revenir toujours sur ce point, mais c’est, à notre avis, un point capital), fait qui achèverait la ruine définitive du commerce français, serait-il possible que la présence des escadres allemandes, pourvues de points d’appuis solides, et dans les mers du Nord et dans la Méditerranée, et qui ainsi nous barreraient, le jour venu, la route maritime vers l’Orient et l’Extrême-Orient, serait-il possible que cet ensemble de conséquences de l’extension germanique ne dût susciter chez nous qu’un intérêt de pure et simple curiosité? Et puis l’alliance avec la Russie, cette alliance, à laquelle nous devons, il ne faudrait pas l’oublier, d’être sortis de l'isolement où nous nous trouvions depuis 1870, à la-