XII PRÉFACE Empire germanique. Prétendre identifier la nationalité allemande et l’esprit de la Réforme, c’est, au lieu de préparer l’annexion des pays autrichiens, froisser la majorité des Allemands d’Autriche et dresser une barrière de plus entre Berlin et la vallée du Danube ou les montagnes du Tyrol. Si grandes que soient les difficultés intérieures de la monarchie habsbourgeoise, si menaçantes que puissent sembler les convoitises de ses voisins, nous ne sommes pas contraints de croire au triomphe du pangermanisme. L’Autriche-llongrie n’est pas encore près d’être rayée de la carte de l’Europe, et si jamais elle devait l’être, c’en serait fait de notre vieille Europe historique. Tous les petits peuples du continent, du Danemark à la Hollande, à la Belgique, à la Suisse, à la Serbie, à la Hongrie, seraient réduits à l’état de vassaux du nouveau Saint Empire germanique. En face d’un pareil colosse, la France et l’Italie, rapprochées par un danger commun, auraient peine à maintenir leur indépendance. L’une et l’autre ne seraient plus que des États de deuxième ordre ; car la France, si longtemps rivale de l’Autriche, ne peut guère