62 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE fait l’unité allemande alors que, peut-être à tort, on la jugeait capable de la mener à bien. D’où désaffection incontestable des Allemands d’Allemagne et, par conséquent, première et lointaine cause du pangermanisme prussophile d’aujourd’hui. En second lieu, la politique intérieure du Gouvernement autrichien, unitaire, centraliste et germanisatrice à outrance, qui, connue sous le nom de système de Bach, régit le pays de 1852 à 1860 à peu près, par son exagération même a rendu indispensable et inévitable l’octroi, dans l’avenir le plus prochain, de concessions importantes aux nationalités non allemandes de l’Autriche. Et ces concessions elles-mêmes, nécessaires et habiles à beaucoup de points de vue, ne pourront qu’exaspérer peu à peu les Allemands d’Autriche, habitués de tout temps à une suprématie absolue dans le pays. Et voilà «ne seconde cause, peut-être encore plus importante que la première, de ce mouvement pangermaniste, qui tend aujourd’hui à l’absorption des Allemands d’Autriche par l’empire allemand. Au moment où nous sommes arrivés, c’est-à-dire en 1860, ce mouvement est encore à l’état latent ; dans la période suivante, nous le verrons se développer, prendre une vie réelle, en attendant le jour où il éclatera dans toute sa force, quand cet empire allemand, centre d’attraction si ardemment souhaité, aura entin été édifié par le fer et dans le sang.