X PRÉFACE de l’Autriche, lui rattacher la Bohême et la Moravie, en même temps que les pays slovènes autour de Trieste, — car si Trieste est italien, la campagne triestine est restée slave, — ce serait introduire dans le nouvel empire des éléments étrangers, des éléments réfractaires, qui, appuyés sur les Polonais de la Posnanie et de la Haute Silésie, entretiendraient, dansla nouvelle grande Allemagne, une incessante agitation nationale, assez forte pour y mettre en danger et l’unité de l’Etat et les libertés publiques. Alors même que Berlin se croirait de taille à germaniser ou à mater ces dix ou douze millions de Slaves, Polonais, Tchèques, Slovènes qui, sur toutes les frontières orientales du nouvel empire, formeraient une large ceinture hostile, la maison royale de Prusse se demanderait si, pour elle et pour l’Allemagne même, il n’yaurait pas un péril dans ces acquisitions autrichiennes. Ce serait refaire la grande Allemagne de 1848, avec toutes ses difficultés et ses rivalités intérieures. L’équilibre entre le nord et le sud, entre les protestants et les catholiques, le précaire équilibre établi au profit des premiers par Bismarck, se trouverait rompu ; le centre de gravité de l’empire serait dé-