LA CRISE : LE PANGERMANISME ACTIF 131 mais qui cependant a déjà avant tout un caractère allemand-national, le parti des Jeunes, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler un peu plus haut, se trouve à la tête de 65 sièges. C’est là un fait significatif; mais, si l'on considère que ce parti des « Jeunes » de 1871 est l’embryon de la célèbre « Fortschrittspartei » (parti du progrès ou progressistes), parti qui est bien loin d’être à l’avant-garde du mouvement national allemand, on peut immédiatement se rendre compte des progrès considérables qu’a accomplis en Autriche l’idée panger-maniste depuis 1871. Le mouvement a, en effet, incontestablement augmenté d’intensité depuis lors, et, pour bien s’en convaincre, il n’y a qu’à voir toute la distance, l’abîme même, qui séparent un Jeune de 1871 d’un Schœnerer1 ou d'un Wolfd’aujourd’hui. La situation étant ainsi nettement définie, l’année 1872 ne nous retiendra guère. Il nous faut cependant signaler un discours assez curieux du député Greuter, prononcé le 13 janvier 1872 à la Chambre desdéputés. Ce discours est intéressant surtoutpar le ton qui y règne. L’orateur blâme l’adhésion aveugle des partis allemands au régime dualiste et leur attachement inébranlable à la constitution, car, 1. Schœnerer (Georg, chevalier de), né à Vienne le 17 juillet I8Î2, député en 1873 et pangermaniste déclaré depuis 1878. A la suite de sa démonstration violente dans les bureaux du Wiener Tagblatt qui avait lancé la fausse nouvelle de la mort de Guillaume l", il fut condamné à quatre mois de prison et à la perte de son titre et de son siège (5 mai 1888). Réélu député en 1897.