LE PANGERMANISME ET L’EUROPE 257 même temps et même avant que l’empereur allemand... le roi de Prusse. Pour qu’il l’oublie un jour, il faudra qu’il y soit forcé, qu’un grand souftle national soulève à nouveau l’Allemagne comme en 1848, et que, pour ne pas être emportée dans le tourbillon, la Prusse se voie obligée, à son corps défendant, de se mettre à la tête de l’invasion germanique en marche vers l’Orient. Ce cataclysme se produira-t-il? Personne ne peut le savoir, et l'avenir seul peut, en regard dece point d’interrogation mystérieux, inscrire une réponse, qui, nous l’espérons, ne sera pas écrite en lettres de sang. Supposons, cependant, que cette éventualité redoutable se produise, que la Prusse et l’Allemagne, rendues aveugles sur leurs intérêts véritables par la chimère grandiose de la reconstitution, en plein xx° siècle, de l’antique Saint-Empire romain germanique, se laissent entraîner dans l’aventure pangermaniste, quelle deviendrait alors la situation des autres Etats européens, et, par ce que serait cette situation, il nous sera permis de voir quel est aujourd’hui leur intérêt. Voici d’abord l’Italie. On a souvent, par haine de l’Autriche, émis en Italie l’idée que l’annexion de l’Autriche allemande à l’Allemagne devrait être acceptée par l’Italie, en échange du retour à la mère patrie de cette « ltalia irredente », éternel sujet des revendications italiennes. Mais, à notre avis, les 17