104 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE changement. Elle restait la même, inspirée et dominée par les mêmes idées, pourtant un peu moins ambitieuse peut-être, à cause du mécontentement de plus en plus marqué de la Prusse, mécontentement dont le souvenir de Sadowa obligeait bien à tenir compte. Ce mécontentement de la Prusse, M. de Beust ne pouvait pas ne pas s’en apercevoir, mais il feignait, fidèle en ceci à la tactique de parfai te correction apparente, qu’il avait su maintenir dans sa politique, de ne pouvoir bien se l’expliquer. Le léger recul évident des visées autrichiennes, M. de Beust s’était cependant vu obligé de l’admettre et de le constater. Il n’était donc pas très satisfait de la situation générale dès le début de cette année 1869, et c’est cette impression de regret et de légère amertume, qui se dégage d’une lettre qu’il écrivait de Vienne, le? janvier 1869, et oii nous remarquons le passage suivant : « La politique proclamée par Sa Majesté l’Empereur, celle qui exclut l’idée de revanche, a été suivie loyalement et scrupuleusement; mais, en vérité, ceux qui sont restés seize ans à couver les représailles pour Olmütz ne peuvent guère comprendre qu'on ait si vite oublié Nikolsbourg1. » A cette époque, en effet, M. de Beust, un peu découragé peut-être par la difficulté de la tâche énorme qu’il avait voulu entreprendre, se rabat- 1. Mémoires du comte de Ueust (traduction Frédéric Rohn Abrest), t. H, 1866-1885, p. 208.