POPULATIONS ALLEMANDES ET PANGERMANISME 227 tères particuliers,et répond-il à des préoccupations diverses, à des désirs distincts dans toutes ces provinces de la Cisleithanie, qui ont presque toutes gardé, sous la férule du Habsbourg, une physionomie propre? De tout ce que nous avons eu l’occasion de dire et de voir dans le courant de cette étude, une chose ressort nettement, indiscutablement, c’est que, de toutes les provinces où le parti pangermaniste déploie aujourd’hui son activité bruyante et un peu brouillonne, celle où le mouvement paraît le plus intéressant à observer est, sans contredit, la Bohême. Là, dans cette province immense, à la physionomie si vivace, à l’individualité si tenace et si fièrement affirmée, les luttes nationales sont le résultat d'une haine séculaire, ancrée dans le sang des races, fortifiée par les souvenirs historiques présents à la mémoire de tous, puisée aux entrailles même de la terre de Bohême. Là, nous nous trouvons aux portes de l’empire allemand, presque aux portes de l’empire russe. L’ombre de l’aigle germanique plane sur la vieille Bohême toujours grondante, la griffe de l’ours russe se tend aussi, caressante et enjôleuse, mais avide quand même, vers ces frères slaves opprimés. Là, depuis des années, depuis des siècles, Tchèques et Allemands ont pris l'habitude de se considérer moins comme citoyens autrichiens que comme membres de deux grandes races mortellement ennemies, la