174 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE après quatorze ans (l’existence, du ministère Taaffe. Comment ce fait inoui, extraordinaire, capital avait-il pu se produire? Ce n’était pas une question nationale qui amenait le départ du comte Taaffe, comme on aurait pu le croire. Non, c’était une question politique. Le premier ministre sentait, en effet, sa majorité, cette majorité qui l’avait soutenu fidèlement depuis qu’il avait pris le pouvoir le 12 août 1879, se lasser peuà peu, s’effriter de jour en jour, fatiguée d'une constance politique bien longue pour une majorité ; le comte Taaffe comprit donc qu’il était perdu s’il ne parvenait pas à se faire une nouvelle majorité plus ardente et prête à lui continuer un concours de tous les instants. Pour réaliser ce plan, avec cette témérité qui lui était particulière, le comte Taaffe se décida à frapper un grand coup et à présenter un projet de réforme électorale, qui créait un suffrage presque universel. La tentative échoua; le président du Conseil se heurta, en effet, à une opposition quasi-unanime, et, sentant la partie définitivement perdue, il donnait de lui-même sa démission, ne voulant pas, par une coquetterie suprême, être renversé par la Chambre (28 octobre 1893). La démission du comte Taaffe, qu’elle n’espérait déjà plus, causa une joie profonde à la gauche allemande, et le contentement qu’elle en éprouva l’amena à se montrer favorable à une tentative de conciliation, c’est-à-dire, en l’espèce, à la constitu-