LE PANGERMANISME ET L’EUROPE 253 qu’on pourrait tirer de toute cette cuisine clandestine d’espionnage et d’intrigues, en faveur d’un soutien efficace accordé au mouvement pangerma-niste autrichien par l’Allemagne, serait bien difficile à étayer sur des bases solides et sérieuses. 11 ne serait pas étonnant non plus que ces menées du cabinet de Berlin, dont on affirme parfois avec tant de certitude l’existence, aient pris naissance plutôt dans l’esprit fertile des trop nombreuses personnes qui s’imaginent voir partout la trahison (il y a cependant déjà dans le caractère même du pangermanisme autrichien quelque chose qui frise suffisamment la trahison pour qu’il soit inutile d'aller chercher encore ailleurs ce sentiment) et l’immixtion étrangère que dans la réalité des faits. Ceci dit sur l’attitude effective du Gouvernement allemand vis-à-vis de l’agitation pangermaniste en Autriche, il est temps de revenir à la question primordiale, celle que nous posions un peu plus haut, la question de savoir où est, en cette matière, l’intérêt véritable, bien compris et raisonné de l’Allemagne. Or, malgré les avantages mirifiques, éblouissants, qu’elle retirerait de la réalisation de la Plus Grande Allemagne, il est permis de penser que le succès du mouvement pangermaniste, la réussite triomphale de ses vastes desseins ne seraient pas, malgré tout, un bien pour l’Allemagne. Et d’abord, s’il est vrai que le passé doit en politique servir de leçon pour l’avenir, s’il est vrai