LE PANGEKMANISJIE ET l'eLKOPE 259 plus grande honte du monde civilisé, dans l’ère des partages odieux qui signalèrent la politique européenne au XVIIIe siècle, l’Italie se trouverait,croyons-nous, réduite à l’inaction, immobilisée de tous les côtés par la constitution de la Plus Grande Allemagne. Et, si l’Allemagne, par hasard, forte de son prestige et de ses armées, ne faisait à l’Italie aucune concession, ou bien si elle ne la faisait qu’avec l’intention bien arrêtée de revenir sur cette concession, le succès une fois assuré, les frères Italiens de » l’Italia irredente » ne seraient-ils pas encore bien plus malheureux, encore bien plus définitivement perdus pour l’Italie sous le joug du Hohenzollern que sous celui du Habsbourg ? Le jour où se réaliserait le rêve pangermaniste, l'Italie n’aurait plus le choix qu’entre deux politiques : l’une qui consisterait à se faire la vassale, la satellite, presque l’esclave de l’Allemagne, qui la déborderait de tous côtés, à devenir ainsi un Etat secondaire, sans politique personnelle, simple dépendance du formidable empire voisin ; l’autre, qui la ferait, en désespoir de cause, se jeter aveuglément dans les bras de la France. Et cette politique-là serait singulièrement risquée et terriblement dangereuse, car l'Allemagne, maîtresse de l'Autriche actuelle, pourrait, sans doute, submerger l’Italie entière avant que nous puissions lui apporter une aide efficace, à supposer même que dans une Europe ainsi bouleversée, l’aide de la France puisse jamais