LA CRISE : LE PANGERMANISME ACTIF 135 l’Autriche en Bosnie et l’occupation provisoire (nouvel exemple de ce provisoire politique qui dure souvent plus longtemps que le définitif) de ce pays auraient été le résultat d’une suggestion amicale de l’Allemagne poussée, elle, par le désir, d’une part, de voir l’Autriche, avant-garde de la culture germanique, s’étendre vers l’est et le sud-est, vers Salonique, Constantinople et l’Asie Mineure, d'autre part aussi, de l'amener à se désintéresser de plus en plus de ce qui pourrait se passer sur ses frontières du nord-ouest et à laisser ainsi l’Allemagne préparer et favoriser tranquillement la campagne et la propagande politique, qui aboutiraient un jour ou l’autre à l’annexion de l’Autriche allemande à l’Allemagne. Le passage qu’on va lire semble au contraire prouver que les pangerma-nistes autrichiens étaient alors d'un tout autre avis et que l'occupation de la Bosnie ne les enthousiasmait nullement. D’où l’on peut conclure : ou bien qu'ils n’obéissaient pas à des ordres et à des conseils venus de Berlin, ou bien que, s’ils y obéissaient, le cabinet de Berlin n’avait pas les vues machiavéliques qu’on lui prête si fréquemment. Voici, en effet, la traduction aussi exacte que possible du passage capital du discours prononcé, le 18 décembre 1878, à la Chambre des députés, par M. de Schœnerer. « De plus en plus on entend dans ce pays le cri : Si seulement nous faisions déjà partie de l'empire allemand », et un peu plus