LA CRISE : LE PANGERMANISME ACTIF 137 le ministère Auersperg, qui durait depuis plus de sept ans déjà, avait vu sa situation fortement ébranlée en 1878, à la suite de diverses discussions assez orageuses, et principalement des débats relatifs aux affaires de Bosnie. De plus, le ministère avait peu à peu perdu sa belle cohésion originaire ; il s’était disloqué intérieurement ; certaines démissions s’étaient même produites. La machine se détraquait visiblement et l’étonnement fut, par conséquent, assez mince, lorsqu’on vit le ministère démissionner, après ce long règne de plus de sept années. Le Cabinet qui lui succéda n’était évidemment qu’un ministère de transition, à tendances déjà beaucoup plus conciliatrices, incontestablement moins germanophiles, et qui, par une conséquence toute naturelle, fut immédiatement considéré par les partis allemands extrêmes comme un ministère délibérément tchéquophile. Stremayr prenait la présidence du Conseil et le comte Taaffe1 devenait ministre de l’intérieur (16 février 1879). Ce ministère de transition devait durer juste le temps néces- 1. Taaffe (Eduard, comte), né à Vienne le 24 avril 1833, mort à son château d’Elischau (Bohême), le 29 novembre 1895. Entre en 1852 dans l’administration, préfet du duché de Salzburg en 1863, administrateur de la ilaute-Autriche en 1867, ministre de l'intérieur (7 mars 1867), ministre de la défense nationale dans le cabinet Karl Auersperg (30 décembre 1867), ministre de l’intérieur du cabinet Potocki (1870), puis administrateur du Tyrol et membre de la Chambre des Seigneurs, ministre de l'intérieur du cabinet Stremayr (février 1879). Premier ministre (12 août 1879) il démissionne le 28 octobre 1893.