LA CRISE : LE PANGERMANISME ACTIF 145 tance basée uniquement sur un sentiment national, politique, en effet, fort habile. Le discours, par exemple, prononcé, à la Chambre des députés, par le député Carneri, le 27 février 1883 et surtout celui qu’y prononçait le 28 février 1883 le député Menger, sont extrêmement significatifs à cet égard1. Dans le désir de ne pas trop fatiguer le lecteur par des citations trop nombreuses, nous nous bornerons à emprunter au discours du député Menger un passage, dont M. Jules Preux nous donne la traduction qu’on va lire. Voici, en effet, les paroles que, le 28 février 1883, prononçait à la tribune autrichienne, M. Menger, et qu’accueillaient de vifs applaudissements : « Je crois que dans les circonstances actuelles, nous devons employer nos forces à ce à quoi elles sont destinées, c’est-à-dire à réclamer, étendre, renforcer la grande idée nationale allemande 2. » Cette phrase nette et claire nous prouve amplement jusqu’à quel point la lutte contre le ministère Taaffe a surexcité et aigri l’opposition allemande, car elle est alors la base du programme même de gens qui ne sont aucunement des adeptes des idées de M. de Schœnerer. Il est vrai, pourrait-on dire, que les discours ne sont pas tout, que les idées, pour frapper davantage les imaginations, y revêtent souvent une forme 1. Dr Gustav Kolm, op. cit., p. 116 et 177. 2. Jules Preux, la Question des langues et les conflits de nationalités en Autriche sous le ministère du comte Taa/je (1879-1888), p. 25. 10