280 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE mité des Allemands d’Autriche en vienne un jour à souhaiter l’annexion à l’Allemagne, que, par un miracle inespéré, elle soit en mesure de l’imposer aux non Allemands, qu’en admettant même que l’Allemagne, emportée dans un rêve néfaste de grandeur démesurée vers la réalisation d’un idéal national exaspéré, que l’Allemagne, aveuglée sur ses intérêts immédiats, directs, positifs, matériels, soit prête à tout pour opérer cette annexion, qu’il nous soit permis de dire que même alors tout ne serait pas encore perdu. Quelestle spectacle auquel nous assistons, en etfet, presque journellement ? Dès qu'une puissance quelconque manifeste par un acte plus ou moins important, plus ou moins officiel, son intention d’annexer quelques tas de sable, habités par une population sauvage, dans quelque trou perdu de l’Afrique ou d’ailleurs, sans importance considérable au point de vue politique ou économique, aussitôt toute l’Europe pousse de hauts cris, c’est un toile général, une clameur indignée contre ces conquérants avides, et de tous côtés on dénonce hautement l’attitude agressive et ambitieuse de la puissance en question. Pouvons-nous, en toute franchise, penser un seul instant qu’à une époque pareille l’Allemagne pourrait annexer purement et simplement dix à douze millions d’Européens civilisés, habitant une des régions les plus belles et les plus importantes à tous les points de vue, de notre vieille Europe,