LE PANGERMANISME ET L’EUROPE 261 Méditerranée, l’Allemagne maîtresse absolue de l'Europe centrale, avec un pied à Hambourg et l’autre à Trieste, avec sa flotte de guerre en plein développement à Kiel et à Pola, ce serait la lin du règne de l’Angleterre dans la Méditerranée. Or, comme on l’a souvent dit, pour l’Angleterre et sa grandeur, c’est une question vitale que de pouvoir dominer dans la Méditerranée. L’introduction d’un élément nouveau, l’apparition dans cette mer de la Hotte allemande, au moment où l’Allemagne aspire à jouer un grand rôle sur l’eau, l’Allemagne possédant sur la Méditerranée un grand port de commerce, quel coup plus sensible pourrait-on porter à l’influence britannique dans cette Méditerranée où elle veut, où il lui faut rester la première? L'influence allemande s’est, de plus, déjà suffisamment exercée à Constantinople, pour porter ombrage à la diplomatie anglaise. Mais combien plus grave serait la situation pour l’Angleterre, le jour où les armées allemandes, descendant le Danube, seraient aux portes de l’empire ottoman et où la Hotte allemande pour venir appuyer ces démonstrations terrestres, n’aurait plus besoin de faire le grand tour, et serait en quelques heures sur les côtes de la péninsule balkanique. La puissance britannique, édifice artificiel admirablement construit, œuvre de siècles de diplomatie habile et tenace, se trouverait, de ce jour, singulièrement ébranlée, car, avec les tendances actuelles qui sans doute se dé-