LA CRISE : LE PANGERMANISME ACTIF 125 ici que le récit fort intéressant, que nous fait M. de Beust dans ses mémoires, d’une conversation qu’il eut avec Bismarck à Gastein, conversation qui roula sur l’appui éventuel qu’un mouvement pangerma-niste en Autriche trouverait en Allemagne. M. de Beust raconte qu’au cours de cet entretien, le chancelier allemand répudia avec énergie toute velléité d'incorporation des pays allemands d’Autriche dans l’Allemagne, à cause surtout des difficultés d’annexer Vienne et les populations slaves et catholiques, et déclara que ses vues se porteraient plutôt sur la Hollande. Mais M. de Beust nous dit aussi que plus tard, étant lui-mème ambassadeur à Londres, il devait y apprendre du représentant de la Hollande en Angleterre, qui lui-même venait de quitter l’ambassade de Berlin, que Bismarck avait autrefois, dans une conversation analogue, rassuré celui-ci sur les plans de l’Allemagne à l’égard de la Hollande, et avait ajouté qu’il inclinerait plutôt à l’annexion des provinces allemandes d’Autriche. M. de Beust conclut avec une douce ironie, en disant qu’il ne doute cependant pas un instant de la sincérité des déclarations que lui avait faites à Gastein le chancelier allemand’. Et, en effet, s’il est incontestable que nous avons là un bel exemple du manque de franchise de la politique bismarckienne, nous croyons cependant que ces affirmations de 1. Mémoires du comte de lleitsl (traduction Frédéric Kohn Abrcst), t. Il, 1866-1883, p. 482-483.