194 LE PANGERMANISME EN AUTRICHE patriote allemand, lui le prophète de l’anticléricalisme autrichien, faire le jeu, nouvelle preuve de ce fait qu’en politique les intérêts personnels priment le plus souvent l’intérêt di: parti et, à plus forte raison, l’intérêt du pays. Mais le temps était passé où, sous les violentes tirades de M. Schœnerer, tout le monde courbait plus ou moins la tête, où personne n’osait répondre au tribun pangermaniste : M. Schœnerer dut comprendre que quelque chose était changé lorsqu’il entendit les réponses très vives des députés Gross et Kaiser, et même du chef officiel du parti national-allemand, M. Steinwender. Ce qui dut lui être particulièrement pénible, ce fut de les entendre railler d’abord, flétrir ensuite la politique, singulière chez un teutomane comme lui, qui consistait à semer ainsi, comme à plaisir, la division dans le camp allemand. Ce fut une belle joute oratoire, au cours de laquelle le grand agitateur, qui se faisait appeler modestement par ses partisans « der beste Mann im Lande » (le meilleur homme du pays), fut loin d’avoir toujours le dessus. La scission s’accentuait ainsi de plus en plus. De tous côtés on répudiait les violences de M. Schœnerer, et à Meran notamment, le député Grabmayr, un des membres les plus distingués de la « Deutsche Fortschrittspartei », prononçait, dans une réunion importante, un véritable réquisitoire contre Schœnerer, Wolf et les autres Radicaux-Allemands. Pen-