LA CRISE : LE PANGERMANISME ACTIF 149 comme on va le voir, et dont nous donnons ici la traduction aussi fidèle que possible : « Le peuple allemand en Autriche a repris conscience de son existence ; il veut, à partir d’aujourd’hui, être allemand et il le sera. Au milieu d’un grand combat national, il commence à avoir honte d'être une race sans caractère national (« ein national gesch-lechtsloses Geschlecht », littéralement une race sans sexe national, expression très vigoureuse qu’on ne peut malheureusement rendre dans loute sa force en français) et de passer pour tel1. » Ainsi, le sentiment national allemand s’exaspère et s’aigrit de jour en jour visiblement chez les Allemands d'Autriche ; en même temps, malgré leurs efforts, ils continuent à perdre du terrain, et ce second fait est sans doute, en grande partie, la cause du premier. Les défaites subies par les partis allemands sont en effet indéniables. En cette même année 1884, ils sont mis en minorité à la Diète de Bohême, ce qui est pour eux un coup sérieux, quoique prévu. En désespoir de cause, ils se rabattent alors, pour préserver l’influence allemande, si fortement ébranlée en Bohême, sur l’idée de la division de la Bohême en deux parties nettement distinctes. Cette division s’effectuerait d’après la nationalité des habitants et c’est à la faciliter que tend indirectement la 1. Dr Gustav Kohn, op. cit., p. 146-147.